L’enfer social de l’Amérique – par Chris Hedges

Source : Scheer Post, Chris Hedges
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
Robert « Kabir » Luma avait 18 ans lorsqu’il s’est retrouvé dans la mauvaise voiture avec les mauvaises personnes. Il allait payer pour cette erreur de jugement par 16 ans et 54 jours de sa vie, passés enfermé pour un crime auquel il n’avait pas participé et dont il ne savait même pas qu’il allait avoir lieu. Libéré de prison, il a été jeté à la rue, sans ressources financières et, en raison des amendes et des frais qui lui ont été infligés par le système judiciaire, 7 000 dollars de dettes, il s’est retrouvé ruiné, sans un sou, dans un refuge pour sans-abri à Newark, où habitaient d’autres personnes qui ne pouvaient se payer un logement, de toxicomanes et de malades mentaux. Le refuge était insalubre, infesté de poux et de punaises.
« Vous devez garder vos aliments sous clef dans le réfrigérateur », a-t-il précisé, vêtu d’un sweat-shirt usé et déchiré, lorsque je l’ai rencontré à la gare de Newark. « Il y a une chaîne sur la porte. Il n’y a pas de fourneau. Il y a un micro-ondes qui est bon pour la casse. Ca pue. J’essaie de rester positif. »
Kabir – son surnom signifie « grand » en arabe et lui a été donné en prison en raison de son puissant gabarit de 1,80 m pour 90 kg – vit dans le monde interlope du système criminel de castes américain. Il est stigmatisé à vie comme criminel, bien qu’il ait été enfermé pour un crime qui, dans la plupart des autres pays, l’aurait conduit à purger une peine mineure ou pas de peine du tout. Il se voit dénier toute aide sociale, des bons d’alimentation, un logement social, le droit de vote, le droit de faire partie d’un jury, la possibilité de percevoir la sécurité sociale pour les 40 heures par semaine de travail qu’il a effectuées en prison, l’interdiction d’obtenir des centaines de licences professionnelles, le fardeau des anciennes amendes et frais de justice qu’il ne peut pas payer, ainsi que le droit de ne pas être victime de discrimination en matière d’emploi en raison de son casier judiciaire.Lire la suite

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