Décret de retour au travail des personnes vulnérables : « On nous envoie à la morgue parce qu’on coûte trop cher »

Covid-19. « On nous envoie à la morgue parce qu’on coûte trop cher »

Source : L’Humanité, Loan Nguyen, 07-09-2020
Obèses, diabétiques, malades atteints de pathologies cardio-vasculaires ou respiratoires ne font plus partie des personnes vulnérables bénéficiant d’un arrêt indemnisé par le chômage partiel depuis le 31 août. Celles-ci craignent d’être contaminées au travail.
« La santé n’a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoi qu’il en coûte. » Cet engagement pris solennellement par le président de la République dans son allocution du 12 mars, les personnes vulnérables l’ont désormais en travers de la gorge. Par le biais d’un décret publié au Journal officiel le 30 août, un grand nombre d’entre elles se sont retrouvées exclues du dispositif d’indemnisation au chômage partiel, et donc sommées de reprendre le travail. Le diabète, les maladies cardio-vasculaires, l’obésité et les affections respiratoires sont par exemple sortis de la liste des pathologies justifiant un arrêt de travail automatique… les malades pouvant encore se tourner vers leur médecin traitant pour espérer bénéficier d’un arrêt maladie classique. Mais sans garantie que celui-ci accepte.
Atteint d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), Lucien, magasinier dans un atelier de mécanique, s’est vu essuyer un refus catégorique de la part de son généraliste. « Elle m’a dit que ma maladie était sortie de la liste, qu’elle ne pouvait rien faire et que c’était comme ça. Sauf que j’ai déjà du mal à respirer en temps normal au travail. Avec le port de charges, je dois souvent faire des pauses pour aller respirer. Alors avec le masque, c’est encore pire », explique-t-il. Mais le plus difficile reste « l’angoisse » d’attraper le coronavirus dans un contexte d’usine où tous ses collègues ne portent pas systématiquement de masque ou ne parviennent pas à respecter la distanciation physique.Lire la suite

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