Bon pour l’Europe, donc bon pour l’Allemagne – par Guillaume Berlat

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat
« Ne plus dépendre des autres, ne plus se laisser intimider, et ré-entraîner l’Europe à partir sur une nouvelle base moins chimérique, plus volontaire »1. Tel est l’objectif que l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine propose aux autorités françaises pour préparer le monde d’après. Objectif réaliste et pragmatique à cent lieues des envolées lyriques du président de la République sur la construction européenne comme celle du discours refondateur de la Sorbonne du 27 septembre 2017 qui a fait pschitt2. Depuis cette date, les choses sont allées de mal en pis pour une Union européenne qui apparaît de plus en plus divisée, épuisée, impuissante à relever les immenses défis du monde du XXIe siècle. Que peut-on faire pour la remettre sur les rails ?
Une fois de plus, Hubert Védrine trace un chemin réaliste lorsqu’il écrit : « Je ne peux que redire ma conviction : l’Europe doit sortir de l’impuissance et de la dépendance face aux puissances ; il faut qu’elle accepte de se métamorphoser en puissance. Ce n’est pas une question de traité, ni de procédure, ni d’intégration, mais de mental et de courage »3. Alors que l’Allemagne a pris la présidence semestrielle tournante de l’Union européenne, la chancelière allemande accorde un entretien spécial aux journaux du réseau Europa4. Cette prise de position, assez rare sous cette forme, donne l’occasion à Angela Merkel de préciser sa position alors que l’Europe traverse une crise existentielle sans précédent. Elle est marquée au sceau du pragmatisme – c’est une marque de fabrique pérenne – et de la solidarité – c’est une nouveauté dans la sphère financière – de la part d’une chancelière que la crise de la Covid-19 a plus renforcé sur la scène allemande que son homologue français dans l’hexagone. Il y a quelques mois encore, elle était donnée partante car peu crédible par nos Pic de la Mirandole des questions allemandes.

LE CONTEXTE EUROPÉEN : CRISE EXISTENTIELLE ET PRÉSIDENCE ALLEMANDE

La crise mondiale de la Covid-19 a laissé des traces dans les esprits tant par sa gravité que par les lacunes de l’Union européenne et le manque de solidarité de ses États membres. Pour répondre aux nombreux défis que soulève cet évènement, la présidence allemande de l’Union se veut solidaire entre Nord et Sud, Ouest et Est.Lire la suite

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