[RussEurope-en-Exil] L’arrêt de la cour de Karlsruhe et l’indépendance des Banques Centrales, par Jacques Sapir

La politique monétaire est elle chose trop grave pour être laissée aux Banques Centrale ? On se souvient de la phrase attribuée à Georges Clemenceau « La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires ». Que cette phrase soit inventée ou non par l’un des biographes de Clemenceau ne change rien à l’affaire[1].
Elle aurait été prononcée en 1887 quand le Ministère, dont le Général Boulanger était le Ministre de la Guerre, démissionna[2]. Mais, elle incarne, surtout, la politique que mena Clemenceau en 1917 et 1918[3]. Sur le fond, que dit-elle ? Que la guerre ne se limite pas au seul emploi des armes, à la tactique et à l’art opératif. Qu’elle implique la mobilisation de moyens divers, allant de la diplomatie à l’économie et au social et qu’en conséquence elle relève de l’action politique.
Aujourd’hui, le problème se pose à l’évidence dans un autre domaine, du fait du hold-up réalisé depuis plusieurs années par les Banques Centrales sur la politique monétaire et, surtout, en raison des conséquences de l’épidémie du Covid-19.
Il est clair que la crise économique induite par le confinement va imposer une politique monétaire (et une politique budgétaire) très active. Cette question du contrôle politique sur les Banques Centrales a été posée, de manière détournée, par le Tribunal Constitutionnel de l’Allemagne, ce que l’on appelle la « cour de Karlsruhe » dans son arrêt du 5 mai dernier. Cet arrêt est, symboliquement mais aussi politiquement, d’une importance considérable.

0. Où en sommes nous ?

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