En pleine crise du coronavirus, Air France multiplie ses tarifs par cinq sur certains vols – Par Thomas Rabino

Source : Marianne, Thomas Rabino, 24-03-2020
Certains Français sont bloqués à l’étranger en pleine épidémie de coronavirus. Pour rentrer, il leur faut prendre un vol Air France… dont les tarifs ont explosé, selon les bons vieux codes capitalistes.
Selon la Fédération nationale de l’aviation marchande, les compagnies aériennes françaises annuleront 70 à 90 % de leurs vols dans les prochains jours, en raison de la crise du coronavirus. Un cataclysme financier, notamment pour Air France, qui n’a toutefois pas renoncé à engranger de grosses marges sur 10 % des trajets encore assurés. Benoît en a fait l’expérience lorsqu’il a voulu acheter un aller simple de Fortaleza, au Brésil, pour Toulouse, via Lisbonne ou Paris. Flavia, son épouse brésilienne, devait le rejoindre en France : « En temps normal, le billet coûte 300 € », explique-t-il à Marianne. Un tarif très abordable… auquel la compagnie français a mis fin brutalement : « La semaine dernière, le prix oscillait entre 1.000 et 2.000 euros ! » Cinq fois plus cher que d’habitude. Mariée depuis un an et demi à Benoît, Flavia a obtenu un visa, mais le consulat de France, saturé de demandes, ne répond plus aux appels du couple. La seule option : payer. « Mes revenus ne le permettent pas, et tous les vols sont maintenant annulés», regrette Benoît, qui n’est pas un cas isolé.
Car si la page Facebook d’Air France déborde de messages de remerciements pour des rapatriements bien menés, on y trouve aussi d’amères interpellations. Deux exemples : « Quels sont les solutions depuis Bogota à part les vols proposés à 7.000 € par personne ? », demande Manon le 20 mars. Elle a vu le tarif de son vol multiplié par sept. « 3.500 € pour un Paris-Abidjan-Dakar, ne trouvez-vous pas que c’est très excessif ? », lance Laure le même jour. De fait, le prix moyen habituel se situe sous la barre des 600 €, cinq fois moins cher. Pendant que l’activité économique du pays s’arrête, la compagnie française, dont l’Etat est actionnaire à 14%, semble décidée à faire jouer les bonnes vieilles règles du capitalisme. A commencer par la loi de l’offre et de la demande. Puisqu’il y a peu de vols et beaucoup de voyageurs intéressés, ils payeront le prix fort. Il faut bien se refaire en période de crise.
Autre problème, les changements de billets, surfacturés : « J’ai fait une réservation pour le 23 mars, mais celle-ci a été annulée. Vous me proposez de modifier le vol, mais le site me demande de payer 800 € », demande Anne au community manager de la compagnie, le 21 mars. Réponse sur Facebook : « Si le tarif initial n’est plus disponible, la différence tarifaire devra néanmoins être acquittée. » En clair, les algorithmes, qui font grimper les prix au gré de facteurs variables, sont toujours en service. Tout l’inverse de la communication d’Air France, injoignable à l’heure où nous écrivons ces lignes.Lire la suite

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