« Reconstruire une société qui protège et fixer des limites à la mondialisation » – Par Jean-Michel Naulot

Source : Le JDD, Jean-Michel Naulot, 21-03-2020
Jean-Michel Naulot, ancien membre du collège de l’autorité des marchés financiers et auteur d' »Eviter l’effondrement » (Seuil), estime dans cette tribune que les dirigeants politiques ne devront « pas craindre de fixer des limites à la mondialisation » lorsque la crise du coronavirus sera surmontée.
Voici sa tribune : « L’Histoire a montré comment une petite partie de l’élite a parfois fait basculer le monde vers le précipice. La première moitié du XXe siècle en comporte de multiples exemples. Avant la Première Guerre mondiale, l’état-major allemand manœuvre pour déclencher les hostilités entre ­l’Autriche-Hongrie et la Serbie, amorçant ainsi le ­processus guerrier. Dans l’entre-deux-guerres, quelques fanatiques de l’étalon-or tentent de maintenir un système économique, autrefois excellent, mais rendu inapplicable par l’ampleur des déséquilibres nés de la guerre et de la crise financière de 1929. Tout au long des années 1930, une classe politique dépassée, ­attachée à la stratégie militaire des fortifications, conduit la France vers la déroute du printemps 1940.
Par contraste avec ces années noires suivront les Trente Glorieuses, une période au cours de laquelle les dirigeants politiques auront la sagesse de ne pas déclencher le feu nucléaire et donneront la priorité au développement économique sous la conduite d’un État-providence ­protecteur et planificateur. Mais, depuis les années 1980, un coup d’arrêt a été donné à ce bel élan. Le néolibéralisme a fait son apparition. Sous prétexte d’aller plus loin dans le libéralisme, on a, à coups de serpe, détruit l’ordre mondial. À intervalles réguliers, de gigantesques bulles financières se sont ainsi ­développées. Des événements graves sont venus les faire éclater. Ainsi en est-il de la pandémie actuelle.

Lors de la crise de 2008, les dirigeants occidentaux avaient dit : « Plus jamais ça! » Mais, une fois les marchés repartis à la hausse, ils n’ont pas changé de cap

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