Nous savons tous que nous allons mourir, alors pourquoi luttons-nous pour ne pas y croire ? Par James Baillies

Source : Aeon, James Baillies, 04-11-2019
James Baillie est professeur de philosophie à l’Université de Portland dans l’Oregon. Il a écrit The Routledge Philosophy GuideBook to Hume on Morality (2000). [Le Guide Routledge de la Philosophie de Hume sur la Morale ; Routledge est une maison d’édition britannique d’ouvrages universitaires fondée en 1851.NdT]
Tolstoï, photo de Karl Bulla en 1902. Par courtoisie de Wikipedia
Dans le court roman La mort d’Ivan Ilitch (1886), Léon Tolstoï dépeint un homme qui est sous le choc quand il réalise soudain que sa mort est inéluctable. Si l’on peut facilement comprendre que le diagnostic d’une maladie en phase terminale a été une désagréable surprise, comment n’est-ce qu’alors qu’il a pu découvrir qu’il était mortel ? Mais c’est la situation dans laquelle Ivan se retrouve. Non seulement c’est un fait nouveau pour lui, mais il ne peut pas en prendre toute la mesure :
Le syllogisme qu’il avait appris de la logique de Kiesewetter – « Caïus est un homme, les hommes sont mortels, donc Caïus est mortel » – lui avait toujours semblé justifié s’appliquant à Caïus, mais en tout état de cause nullement exact dans son cas personnel . Cet homme Caïus représentait l’homme de manière abstraite, et donc le raisonnement était parfaitement sensé ; mais il n’était pas Caïus, pas un homme abstrait ; il avait toujours été une créature tout à fait singulière, tout à fait distincte de toutes les autres.Lire la suite

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