Patrick Lawrence : L’intérim de l’auto-illusion américaine sur la Bolivie

Source : Consortium News, Patrick Lawrence, 25-11-2019
Lire ce qui vient d’arriver à Evo Morales dans la presse grand public c’est entrer dans une galerie des glaces.
Dans quelques années, peut-être dans une génération, il sera permis de décrire la démission d’Evo Morales d’il y a deux semaines comme ce qu’elle était : un coup d’État que les États-Unis ont préparé comme ils en ont préparé des dizaines d’autres depuis qu’ils sont devenus une superpuissance en 1945. La reconnaissance n’aura pas d’importance à ce moment-là. Les événements en question seront confortablement éloignés dans le temps. Les responsables de la destitution du président bolivien seront soit à la retraite, soit décédés. Les États-uniens n’auront trompé aucun Bolivien, car cet automne sera gravé dans leur mémoire, mais les États-uniens se seront encore une fois trompés eux-mêmes.
C’est souvent ainsi que Washington écrase les aspirations démocratiques des autres en renversant des dirigeants légitimement élus et en les remplaçant par des personnalités – généralement corrompues, souvent dictatoriales, par définition antidémocratiques – à son goût. Il a fallu des décennies pour que les États-Unis reconnaissent le coup d’État dirigé par la CIA en 1953 contre le gouvernement Mossadegh en Iran : Le président Barack Obama l’a fait (sans s’excuser) en 2009. Quarante-cinq ans plus tard, Bill Clinton a passé une demi-journée au Guatemala pour exprimer ses regrets au sujet du coup d’État qui a fait tomber le président Jacobo Árbenz en 1954.
C’est ce qui nous attend maintenant dans le cas de la Bolivie – une longue période d’auto-illusion, qui ne se termine que lorsque la vérité fait peu de différence et que la responsabilité ne peut plus être imputée.Lire la suite

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