Faire avancer l’OTAN dans le Golfe Persique – Par Paul R. Pillar

Source : Lobe Log, Paul R. Pillar, 24-10-2019
Mark Esper (Ministère de la Défense via Wikimedia Commons)
Le secrétaire à la Défense Mark T. Esper est à Bruxelles cette semaine pour une réunion des ministres de la défense de l’OTAN, avec l’incursion turque et les événements connexes en Syrie susceptibles de figurer en bonne place dans les discussions. Mais Esper a un autre point à l’ordre du jour qui découle de l’obsession de l’administration Trump d’affronter l’Iran : amener les alliés à contribuer davantage à la défense de l’Arabie saoudite. M. Esper avait déjà soulevé la question lors d’une réunion avec ses homologues de l’OTAN en juin, lors de laquelle l’administration avait demandé plus de contributions pour faire face à ce qu’elle décrit comme une menace iranienne dans le golfe Persique, ce qui a été accueilli avec peu d’enthousiasme.
L’OTAN n’est pas étrangère aux opérations hors zone. Les objectifs de ces opérations étaient généralement faciles à comprendre du point de vue de l’Alliance, même lorsqu’ils se sont éloignés de l’objectif initial de l’OTAN de faire face aux menaces militaires classiques en Europe. Les efforts importants déployés par l’Alliance en Afghanistan, par exemple, ont été considérés comme une opération antiterroriste. Une autre activité visant à contrer les menaces non étatiques qui pourraient affecter les intérêts économiques et sécuritaires des États membres a été une opération anti-piraterie au large de la Corne de l’Afrique. En ce qui concerne la région du golfe Persique, l’opération dirigée par les États-Unis en 1990-1991 qui a renversé l’agression de l’Irak contre le Koweït n’a pas été menée sous les auspices de l’OTAN, mais elle a inclus tous les principaux membres de l’alliance.
De telles circonstances ne s’appliquent pas à la tentative actuelle des États-Unis de faire participer les alliés à leur confrontation contre l’Iran. Ni l’Iran ni aucun autre État du golfe Persique n’a commis d’agression aussi flagrante que ce que l’Irak de Saddam Hussein a fait au Koweït. Les alliés européens voient que ce sont les actions des États-Unis – leur reniement de l’accord limitant le programme nucléaire de l’Iran et leur déclenchement d’une guerre économique sans restriction contre l’Iran – qui ont directement conduit cette année à l’augmentation des tensions et des risques de guerre dans le Golfe Persique. Ils voient que ce sont les États-Unis qui ont lancé une campagne pour retirer le pétrole du golfe Persique (c’est-à-dire le pétrole iranien) du marché. Plus largement, les alliés ne voient aucune raison de prendre parti – surtout dans la mesure où ils devraient engager leurs propres ressources militaires – dans des querelles régionales et des compétitions telles que celle entre l’Arabie saoudite et l’Iran.Lire la suite

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