L’identification d’une menace : par qui et comment ? Par Paul R. Pillar

Source : Lobe Log, Paul R. Pillar, 15-102019
Mark Esper, secrétaire à la Défense et Mark Milley , président de l’état-major interarmées (secrétaire à la Défense via Wikimedia Commons)
Parmi les rôles dévolus au président des chefs d’état-major interarmées, il y a celui d’« intégrateur des forces mondiales », qui consiste à établir des priorités pour faire face aux menaces dans le monde entier et à recommander où déployer les forces militaires américaines pour faire face à ces menaces. Le général Joseph Dunford, qui a terminé son mandat de président le mois dernier, avait sollicité ce rôle, que le Congrès lui a conféré par voie législative il y a trois ans. L’un des principaux inconvénients du fait que les chefs d’état-major interarmées, ou n’importe quelle partie de l’armée, prennent l’initiative de prioriser les menaces et la disposition des ressources pour y faire face est qu’il y aura naturellement un parti pris pour répondre aux besoins institutionnels des militaires de préférence aux autres intérêts nationaux. Un article de Paul D. Shinkman de U.S. News and World Report sur le rôle d’« intégrateur des forces mondiales » commence par décrire comment l’augmentation prévue, plus tôt cette année, de 1 500 soldats américains supplémentaires au Moyen-Orient a suscité l’inquiétude des civils du Bureau du Secrétaire à la défense (OSD) à propos de l’escalade que cette décision pourrait entraîner. Mais l’armée a défendu cette mesure comme nécessaire pour « protéger les forces américaines au Moyen-Orient ».
Ce type de raisonnement circulaire est devenu typique dans les discussions sur le déploiement des forces américaines, en particulier au Moyen-Orient. Les principaux dangers venant des adversaires étatiques ou non étatiques des États-Unis sont les attaques contre l’armée américaine elle-même. Les forces américaines sont déployées dans une région pour protéger les forces américaines déjà présentes dans la région. La situation est un excellent exemple d’un cornet de glace qui se lèche lui-même.
L’article de Shinkman traite des questions périphériques à la fonction d’intégrateur des forces, principalement en ce qui concerne l’influence relative des civils de l’OSD et des militaires en uniforme. Mais cette perspective est encore trop limitée. Les deux parties du débat appartiennent à l’establishment de la défense et on peut s’attendre à ce qu’elles adoptent son point de vue.Lire la suite

Source