Le cinéma : un outil de propagande pour faire accepter la guerre. Par Nicolas Mettelet

Source : Cahiers de psychologie politique, Nicolas Mettelet

Le cinéma, déjà connu comme vecteur de la propagande pendant la Grande Guerre1, ne fut vraiment utilisé massivement par les institutions politiques dans ce but qu’à partir des années 1930 et surtout pendant le Second conflit mondial par les deux camps. Si les journaux et les affiches étaient les principaux convoyeurs de la propagande entre 1914 et 1918, les progrès technologiques allaient vite amener au premier plan la radio et le cinéma tout au long de la guerre suivante. Nous proposons d’analyser et de comprendre le ou les messages contenus dans une sélection de films cinématographiques réalisés pendant les années 1930 et au tout début des années 1940 ayant pour objectif de faire accepter au public l’idée d’entrer en guerre.
Tout d’abord, il nous semble opportun de rappeler quelques définitions indispensables concernant la propagande, puisqu’elles semblent différer selon les utilisateurs2. La Propagande est l’un des outils utilisés dans le cadre des Opérations spéciales, ou Guerre subversive, menées à bien par le pouvoir politique et les forces armées. Ces Opérations spéciales comprennent, mais pas seulement, ce que les militaires nomment les Opérations psychologiques. Ces dernières intègrent et différencient les Actions psychologiques, destinées aux amis, et la Guerre psychologique qui est, quant à elle, dirigée vers l’ennemi. Ceci étant posé, définissons l’Intoxication qui est l’action directe qui consiste à tromper l’ennemi en lui distillant de fausses informations. Cette Intoxication peut ou peut ne pas utiliser la Propagande comme outil. Des espions ou agents doubles, voire triples peuvent très bien suffire. Maintenant, mettons-nous bien d’accord sur les différences terminologiques de la Propagande, lorsqu’elle se décline en « couleurs ». Pour les Anglo-Saxons et gens en uniforme de tous pays, la Propagande Blanche peut être dirigée vers tous types de cibles (amis, neutres ou ennemis), mais décline clairement, implicitement ou explicitement, son origine, la source ne devant faire l’objet d’aucun doute chez le récepteur.
La Propagande Grise, pour sa part, est également dirigée vers toutes cibles, mais laisse le récepteur dans l’incertitude quant à sa source. Pour terminer, la Propagande Noire, principalement émise en direction de l’ennemi, mais pas seulement, prétend tout simplement être issue par ce dernier, en vue de le déstabiliser, de l’intoxiquer et de saper son moral. Pour les autres, moins informés, le lecteur me pardonnera, la propagande se contente de deux couleurs, la blanche et la noire. La première est dirigée vers les amis, ce que les membres du groupe précédent nomment Action psychologique, et la dernière vers l’ennemi, ce que nous appelons Guerre psychologique3. Nous nous efforcerons dans cette étude de respecter la terminologie militaire, ou anglo-saxonne pour clarifier nos explications, bien que chaque définition soit légitime et respectable selon les utilisateurs concernés. Pour illustrer ces lignes destinées à bien faire comprendre au lecteur la terminologie utilisée et la nature des opérateurs, rappelons ce que le Général britannique Wavell disait en 1942 :Lire la suite

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