[RussEurope-en-Exil] Italie : budget et souveraineté, par Jacques Sapir

Ce texte sera prononcé lors de mon intervention le samedi 10 novembre au colloque de Montesilvano, organisé par l’association Asimmetrie.org et mon collègue Alberto Bagnai, ci-devant Président de la Commission aux Finances du Sénat Italien.

Alberto Bagnai
La crise qui oppose actuellement l’Italie à la Commission européenne sur le projet de budget italien, suite à sa publication[1], porte en apparence sur des pourcentages[2]. En réalité, elle concerne la question essentielle de savoir qui est légitime pour décider du budget italien : le gouvernement issu d’élections démocratiques ou la Commission et ses divers appendices qui prétendent imposer des règles issues des traités. Cette question est aujourd’hui fondamentale : gouverne-t-on au nom du peuple ou au nom des règles ? Elle a des implications évidentes : qui a le pouvoir de gouverner, le législateur dont la légitimité est issue de la souveraineté démocratique ou le juge qui gouverne au nom d’un droit ?
Derrière donc la question du pourcentage de déficit autorisé ou refusé au gouvernement italien ne se pose pas seulement la question du bien fondé de la décision italienne[3], mais aussi la question de savoir si l’Italie est encore une nation souveraine. Cela explique que les soutiens au gouvernement italiens sont venus de tout partis qui font de la souveraineté un des fondements de la politique, et en particulier de la France Insoumise[4]. La question de la souveraineté est donc en réalité centrale dans cette confrontation. L’aspiration à la souveraineté des peuples s’exprime aujourd’hui dans de multiples pays, et sous des formes différentes. Pourtant, cette souveraineté est mise en cause par la pratique des institutions de l’Union Européenne. Les déclarations qu’avait faites Jean-Claude Juncker lors de l’élection grecque de janvier 2015 en portent témoignage[5].Lire la suite

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