Contempler l’Iran à travers un verre déformé, par Paul R.Pillar

Source : Paul R. Pillar, Consortium News, 04-01-2018
Une évidence sur la politique américaine et les médias est qu’une fois qu’un chef de file étranger ou un pays a été diabolisé, tout ce qui est écrit ou dit sur le sujet sera déformé de façon négative, une règle reflétant la pensée de groupe et le carriérisme de Washington, comme l’ancien analyste de la CIA Paul R. Pillar le fait remarquer à propos de l’Iran.
Pour tout pays qui, comme l’Iran, a fait l’objet d’un âpre débat à Washington, les déclarations des observateurs américains au sujet des événements ayant lieu dans ce pays ont davantage à voir avec la politique d’ici qu’avec ce qui se passe là-bas. C’est ce qui s’est passé ces derniers jours avec la plupart des témoignages et interprétations des manifestations dans les rues iraniennes. Quelques consignes pour des commentaires intelligents, responsables et utiles sur ces manifestations sont en place, et applicables peu importe les préférences politiques de celui qui commente.
Le Président iranien Hassan Rouhani rencontrant un groupe de citoyens iraniens (Photo du gouvernement iranien)
La première consigne est d’appliquer une grande dose d’agnosticisme sur la question de savoir où vont mener les protestations. Quel que soit le pays l’évolution de troubles populaires est intrinsèquement difficile à prévoir. Cet avenir dépend des fluctuations dues à l’émotion, de l’interaction complexe des différentes problèmes et forces politiques, et de la façon particulièrement imprévisible dont les incidents mineurs peuvent déclencher des réactions beaucoup plus importantes. La tendance d’aujourd’hui ne peut pas être transposée dans le futur, en partie à cause des effets de décisions qui n’ont pas encore été prises.Actuellement, dans le cas de l’Iran, les services de sécurité du régime se sont jusqu’ à présent abstenus d’utiliser la plus grande partie de leurs capacités de répression sur les manifestants, mais ils ont clairement laissé entendre que cette capacité pourrait encore être utilisée. Une telle utilisation changerait le jeu qui se joue dans les rues iraniennes, mais encore une fois avec beaucoup d’incertitude quant à l’avenir.Lire la suite

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