« La résistance palestinienne » – 3 questions à Bernard Ravenel, par Pascal Boniface

Source : Blog Mediapart, Pascal Boniface, 07-11-2017
Bernard Ravenel, agrégé d’histoire, fut responsable des relations internationales du PSU. Ancien président de l’AFPS (2001-2009) et de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine (2001-2011), il répond à mes questions à l’occasion de la parution de l’ouvrage : « La résistance palestinienne : des armes à la non-violence », aux éditions L’Harmattan.
Pourquoi, selon vous, le succès de la première Intifada tient-il à son caractère à 95% non violent ?
En 1987, l’Intifada a éclaté au sein d’un contexte caractérisé par un climat de désobéissance civile. En effet, la société civile palestinienne (syndicats, mouvements étudiants, organisations de femmes, etc.) s’est organisée à travers la création de multiples associations et d’organisations non gouvernementales. Considérant comme impossible toute résistance armée dans les territoires occupés, les organisations politiques membres de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), en particulier l’influent Parti communiste jordano-palestinien, ont fondé ce réseau associatif de masse, guidé par un double objectif : prendre en charge les secteurs vitaux négligés par les autorités israéliennes (hôpitaux, agriculture) d’un côté, et développer la conscience nationale pour une mobilisation politique de masse contre l’occupation de l’autre côté. Toujours en 1987, la société palestinienne, soumise à une occupation qui couvre une accélération de la colonisation après l’arrivée de Sharon en 1979 comme ministre de l’Agriculture, connaît une effervescence grandissante. La tendance principale est alors l’affirmation d’un processus d’autonomie de vie face à l’occupant, ce qui suppose de désobéir à ses injonctions et à ses contraintes. Il faut enfin prendre en compte la grande défiance dans le processus politico-diplomatique du moment. Il suffira alors d’un grave incident meurtrier (mort de quatre ouvriers palestiniens causée par un chauffeur de camion israélien à Gaza) pour qu’éclate le soulèvement, qui se diffusera rapidement sur l’ensemble des territoires occupés.
Quelques jours après, la direction extérieure de l’OLP à Tunis et son stratège, Abou Djihad, demande et ordonne que ne soit utilisée aucune arme à feu. Cette décision, historique, fut respectée intégralement pendant de nombreux mois, démontrant ainsi l’incontestable légitimité populaire de la centrale palestinienne. À partir de ce moment, se développe une insurrection civile sans précédent dans le monde arabe.Lire la suite

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