La boîte de Pandore de la guerre, par Chris Hedges

Source : Truthdig, Chris Hedges, 07-04-2017

La guerre ouvre la boîte de Pandore de maux qui, une fois lâchés, échappent à tout contrôle. L’invasion de l’Afghanistan fut entreprise pour vaincre al-Qaïda, et près de seize ans plus tard, nous sommes toujours embourbés dans une bataille perdue d’avance contre les Talibans. Nous avons cru que nous pouvions envahir l’Irak, y créer une démocratie à l’occidentale, et affaiblir le pouvoir de l’Iran dans la région. La fragmentation de l’Irak entre factions rivales a fait de l’Iran la nation musulmane dominante du Moyen-Orient, et a détruit l’unité de la nation irakienne. Nous avons cherché à faire tomber le président syrien Bachar El Assad et puis, nous avons commencé à bombarder les insurgés islamiques essayant de le renverser. Nous avons étendu la « guerre contre la terreur » au Yémen, à la Libye et à la Syrie dans un élan désespéré pour détruire les résistances régionales. Nous avons créé au contraire de nouveaux États faillis et des enclaves hors-la-loi où les vides ont été comblés par les forces djihadistes que nous cherchions à combattre. Nous avons gaspillé la somme sidérante de 4 790 milliards de dollars pour semer mort, destruction et folie alors que notre nation s’appauvrit de plus en plus et que le changement climatique nous menace d’extinction. Les marchands de canons, qui ont un intérêt particulier à ce que ces débâcles se perpétuent, travailleront pour gagner quelques milliers de milliards de plus avant que cet acte de suicide collectif impérial ne parvienne à son humiliante fin.
En guerre, attaquer un camp, c’est implicitement en aider un autre. Et le camp que nous aidons en frappant le régime d’Assad est ironiquement celui que nous sommes déterminé à éradiquer – le front al-Nosra, al-Qaida et d’autres groupes islamistes radicaux. Ce sont les même forces islamiques que nous avons grandement contribué à créer, armer et financer au début de la guerre civile syrienne avec l’aide de l’Arabie Saoudite, du Qatar, de la Turquie et du Koweït. Ce sont les forces qui sont nées du chaos causé par nos interventions militaires malencontreuses en Afghanistan, Irak, Libye Yémen, Somalie et au Pakistan. Ce sont les forces qui exécutent les otages occidentaux, massacrent les minorités religieuses, exportent le terrorisme en Europe et aux États-Unis, et récoltent des milliards de dollars en faisant passer illégalement des réfugiés en Europe. Ce sont parfois nos ennemis, et parfois nos alliés.
La sauvagerie des djihadistes nous renvoie la nôtre en miroir. Ces derniers répondent à nos frappes aériennes et à nos attaques de drones en utilisant des gilets d’explosifs ainsi que des engins explosifs improvisés. Ils répondent à nos « sites noirs » (lieux de détention secrets) et prisons comme Abu Ghraib et Guantanamo par des cellules souterraines où sont torturés les prisonniers capturés. Ils répondent à l’idée occidentale de laïcité par l’État islamique. Ils répondent à la violence par la violence.Lire la suite

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