Panama Papers : pourquoi l’Islande ?

Sigmundur Davíð Gunnlaugson, Premier Ministre d’Islande
L’aspect le plus singulier du scandale des « Panama Papers » de la semaine passée a été l’apparition du Premier Ministre islandais Sigmundur Davíð Gunnlaugson parmi les « vilains méchants » préférés de l’Occident, le Président russe Vladimir Poutine et le Président syrien Bachar al-Assad.
L’Islande atteint rarement les gros titres mondiaux, et pour la plupart des gens c’était la première fois qu’ils ont pu voir le Premier Ministre de ce pays. Il y a une bonne raison au désintérêt entêté des médias corporatistes à l’endroit de l’Islande ces dernières années: la pays s’est remis de la crise financière en emprisonnant 29 banquiers corrompus de haut vol, et a refusé de payer les détenteurs de titres étrangers depuis que la crise financière de 2008 a dévasté son économie.
L’Islande y est arrivée parce qu’elle avait le contrôle de sa propre monnaie, et un gouvernement doté de suffisamment d’orgueil national pour oser braver les puissances financières établies.
Les Marxistes ont souvent fait la différence entre deux types de capitalistes – la bourgeoisie nationale (une classe de capitalistes liés aux industries domestiques), et la bourgeoisie des compradors (du portugais colonial signifiant « acheteur », autochtone fondé de pouvoir d’une firme étrangère, NdT), liés à la finance internationale. Bien que le schéma soit loin d’être complet, il est possible d’arguer que cet antagonisme entre classes soit ici en action. La bourgeoisie nationale sous Sigmundur Davíð entre en conflit avec les élites de compradors du capitalisme financier mondialisé.
En fait, Sigmundur Davíð est lui-même une incarnation de cette contradiction. Il s’est sciemment engagé dans des transactions financières offshore comme un cadre financier avide de profits tout en défendant noblement, par contraste, la souveraineté nationale de l’Islande et l’avenir économique de ses quelques 300 000 citoyens, en disant aux détenteurs de titres étrangers de faire leurs valises!
Sigmundur Davíð se tient précairement entre ces deux chaises, et sa réaction est également un indicateur du jeu auquel il est contraint de jouer malgré lui. Il n’a pas démissionné mais a demandé a son collègue Sigurdur Ingo Johanson de prendre sa place pour « un laps de temps indéfini ». Pendant tout ce temps, la presse internationale affirme à tort que le Premier Ministre islandais a « démissionné », qu’il a « abandonné le pouvoir ».
La presse internationale a reconnu que Sigmundur Davíð n’avait enfreint aucune loi, donc techniquement parlant il n’y a pas de raison pour qu’il démissionne. Son épouse et lui plaident que leur entreprise offshore (Witris) était déjà déclarée en mars de cette année – un fait qui n’est pas réfuté par le « Consortium International de Journalistes d’Investigation » (ICIJ, International Consortium of Investigative Journalists, NdT) financé par Soros et USAID. Sigmundur Davíð a de toute évidence décidé que, en plaçant temporairement l’exercice de ses fonctions entre les mains d’un autre ministre, il peut désamorcer la mobilisation massive contre lui dans les rues.
Les médias islandais nous ont dit que les manifestations avaient déjà « été prévues avant la publication des Panama Papers ». Étant donné le fait que le financier international et sponsor de « révolutions colorées » George Soros est l’un des principaux mécènes de l’ICIJ, il ne faut pas être surpris que les manifestations en Islande aient été prévues depuis longtemps.
Car s’il y a une sorte de gouvernement que les compradors capitalistes internationaux comme Soros détestent, c’est bien le gouvernement islandais de Sigmundur Davíð. Si le monde avait suivi leur exemple après la crise financière de 2008, des millions de personnes auraient pu conserver leurs maisons, leurs emplois et une modeste dose d’espoir social aurait pu remplacer l’austérité invalidante; et ce n’est pas ce que veulent les vautours capitalistes comme Soros et son engeance!
L’importance stratégique du Cercle Arctique
Il y a aussi des enjeux géopolitiques ici. Depuis la fermeture de la base aérienne US d’Islande en 2006, le pays nordique s’est rapproché de la Russie et tout particulièrement de la Chine. L’Islande est le seul pays européen à avoir signé un traité de libre échange avec la Chine. La Chine a l’intention de se servir de la route maritime du Cercle Arctique pour alimenter l’Europe avec des biens d’exportation. Cette route maritime a déjà été testée avec succès par la Chine, et la nouvelle voie commerciale fera de l’Islande un nœud commercial majeur pour le commerce chinois.
Le « Royaume du Milieu » entend aussi obtenir un siège au Conseil de l’Arctique. Avec plus de 13% du pétrole et 30% du gaz naturel mondiaux, le Cercle Arctique devient de plus en plus un sujet de rivalité géopolitique entre les USA et la Russie. En 2013, un haut fonctionnaire de l’administration Obama a dit au New York Times que:

Nous voyons le Cercle Arctique comme un bien commun mondial; il semble que ce ne soit pas le cas des Russes.

Pour démontrer son respect pour les « biens communs mondiaux », les militaires US sont revenus en Islande en 2016!
Guerre diplomatique avec l’UE
Bien que cela n’ait presque pas été couvert par la presse européenne, il y a eu une guerre secrète autour de l’accès aux réserves de poissons dans les eaux des Îles Féroé et de l’Islande. Le gouvernement islandais a accusé Bruxelles de mener une guerre contre la souveraineté nationale de l’Islande; ils ont récemment publié la déclaration suivante:

Ces derniers mois l’Union Européenne (UE) a mené une campagne toujours en cours de menaces de mesures coercitives contre l’Islande et les Îles Féroé dans le but d’obtenir des avantages dans des négociations multilatérales sur la gestion de stocks de poissons partagés. Cette conduite est en infraction de diverses obligations découlant de la Convention des Nations Unies sur la Loi de la Mer et du droit international en général, en particulier au regard de l’obligation des états côtiers à convenir ensemble de mesures garantissant la protection et le développement d’un stock commun. De plus, de telles mesures ne seraient pas en accord avec les obligations de l’UE vis-à-vis de l’OMC ou, pour ce qui est de l’Islande, des accords de l’EEE (Espace Économique Européen).

Forcer les pays à brader leur souveraineté nationale a toujours fait partie de la politique de l’UE. Quand l’Irlande a rejoint l’UE en 1973, le pays a été contraint de remettre son industrie de pêche aux autorités européennes. Tandis que les propagandistes de Bruxelles aiment affirmer que Bruxelles a financé les infrastructures irlandaises, la réalité est que de 1975 à 2010, la valeur de plus de 184 milliards d’euros de poissons a été pillée par l’UE hors des eaux irlandaises, alors que la contribution nette de l’UE en faveur de l’Irlande, pour approximativement la même période, a été de 41 milliards d’euros. (Pour davantage d’informations sur cette évaluation par Nigel Farage, voir ici)
L’UE doit encore 120 milliards d’euros à l’Irlande. La propagande de l’UE a beaucoup travaillé pour faire croire au peuple irlandais que l’UE avait financé l’Irlande, alors que c’est l’Irlande qui a financé l’UE. L’Islande se bat désormais pour sa souveraineté face à une UE de plus en plus agressive, sous le contrôle d’oligarques financiers comme George Soros.
L’interdiction du porno et des importations israéliennes
L’indépendance de l’Islande en a également fait un ennemi de la mafia sioniste mondiale. En septembre 2015, Israël a averti l’Islande de « répercussions négatives » suite à sa décision de boycotter les produits israéliens. La presse israélienne a elle aussi exprimé son indignation à propos de la diffusion de chants de Noël jugés « antisémites » sur la radio publique nationale. La décision de l’Islande d’interdire la pornographie en 2013 lui a fait des ennemis puissants dans l’oligarchie mondiale. Selon le Professeur juif en Histoire Américaine de l’Université d’Aberdeen Nathan Abrams, les Juifs dominent l’industrie mondiale de la pornographie. L’érudit juif plaide même que l’implication juive dans la pornographie fait partie d’un effort visant à subvertir la culture chrétienne.
Des sociologues comme le Dr. Judith Reissman ont argué que la pornographie est une forme de contrôle social. En 2013 un programme « d’éducation sexuelle » a été introduit dans les écoles croates. Le programme repose sur des « recherches » du Dr. Alfred Kinsey – un pédocriminel psychopathe qui violait et torturait obsessivement et à répétition des enfants d’un âge aussi jeune que quatre ans. Le programme « d’éducation sexuelle » dirigé par des pédocriminels a reçu un financement de la part de la Fondation Soros. Mais évidemment aucun de ces crimes réels, ni leurs réseaux de tarés dans l’establishment politique occidental, ne subiront d’enquête de la part de l’ICIJ, financé par Soros.
Peut-être Sigmundur Davíð est-il coupable de dissimulation et de malhonnêteté en ce qui concerne ses finances personnelles; mais ce ne sont pas là ses vrais crimes. Le gouvernement islandais a démontré une résistance modeste face à l’oligarchie mondialiste en assumant sa souveraineté nationale, en célébrant ses traditions religieuses et culturelles, en dénonçant le génocide du peuple palestinien et en protégeant les enfants islandais des abominables prédateurs du capitalisme financier. Voilà leurs vrais crimes.
Source: http://www.gearoidocolmain.org/the-panama-papers-why-iceland/
Par Gearoid O’Colmain, traduit par Lawrence Desforges
Gearoid O’Colmain, correspondant du média indépendant American Herald Tribune à Paris, est un journaliste et analyste politique. Son travail se focalise sur la mondialisation, la géopolitique et la lutte des classes. Ses articles ont été traduits dans de nombreuses langues. Il est un contributeur régulier à Global Research, Russia Today International, Press TV, Sputnik Radio France, Sputnik English, Al Etijah TV, Sahar TV English, Sahar French et est également apparu sur Al Jazeera. Il écrit en anglais, en gaélique irlandais et en français.

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