Réforme de l’ENA, une vaste blague… Par Guillaume Berlat

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat
« Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ». Cette petite phrase, oh combien d’actualité, est pourtant due à un homme politique. Elle est du petit père Queuille, en réalité Henri Queuille, plusieurs fois président du conseil (même pendant deux jours en 1950) et également ministre des finances et de l’intérieur sous la 3eme république. Il fut même ministre et secrétaire d’Etat plus de trente fois ! Un véritable professionnel de la machine politique, et sa fameuse petite phrase est incontestablement le fruit d’une expérience professionnelle riche1. Manifestement, notre plus jeune président de la République est un émule qui s’ignore du « queuillisme » adapté à la sauce Macron. Nous en tenons aujourd’hui une nouvelle preuve avec le projet présidentiel de « réforme » de l’ENA (école nationale de l’arrogance), si tant est que le terme de « réforme » soit adapté dans le cas d’espèce.
Réforme qui concernerait également la haute fonction publique française. Après les annonces jupitériennes grandiloquentes vient le temps de leur mise en œuvre plus mesquine2. Et, alors les questions dérangeantes ne manquent pas : profil du nominé pour conduire la réflexion, contenu de la lettre de mission de Matignon et obstruction de la mafia de l’ENA. Avant de conclure sur le sujet spécifique de la réforme de l’ENA dans le contexte d’une remise à plat du fonctionnement de la haute fonction publique, nous nous pencherons rapidement sur deux exemples de rapport récents qui éclairent la problématique générale.
Dès le départ, lorsqu’Emmanuel Macron a annoncé lors de sa dernière conférence de presse (25 avril 2019) son intention de supprimer l’École nationale d’administration (ENA) et les grands corps de l’État (Conseil d’État, Cour des comptes et Inspection des Finances), certains esprits chagrins ont eu de bonnes raisons de penser qu’il s’agissait d’une entourloupe. En aurait-on douté, ce mauvais pressentiment a aussitôt trouvé très vite sa confirmation ?
Trois indices graves et concordants (pour reprendre l’expression favorite des magistrats instructeurs) sont venus nourrir de légitimes interrogations de la part de citoyens qui attachent plus d’importance aux actes qu’aux paroles.Lire la suite

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