La circulation des particules en Europe

Index de la série “Pollution de l’air”

  1. La pollution de l’air cause 48 000 morts par an en France (+ présentation des polluants)
  2. La pollution aux particules fines
  3. Les graves effets des particules sur la santé
  4. La pollution de l’air dans le monde
  5. La pollution de l’air en Europe I (+ les morts du charbon)
  6. La pollution de l’air en Europe II
  7. Arrêtons avec les “centrales à charbon allemandes”
  8. La pollution de l’air en France
  9. Le très polluant chauffage au bois
  10. Le choix erroné de la France pour le diesel (mais le diesel a évolué…)
  11. Arrêtons avec les “centrales à charbon allemandes”…
  12. La pollution de l’air en Île-de-France (hors particules)
  13. La pollution aux particules en Île-de-France
  14. L’origine des particules en Île-de-France
  15. La circulation des particules en Europe
  16. Les épisodes de pollution aux particules en Île-de-France
  17. Qualité de l’air en Île-de-France et épisodes de pollution récents
  18. La pollution dans le métro
  19. La pollution de l’air à la maison
  20. Suivi en direct de la pollution
  21. Quelques suggestions…
  22. Documents
  23. Synthèse de la série Pollution de l’air

Rappels

Rappelons tout d’abord cet important graphique présenté dans ce billet :

  1. Les personnes qui sont le plus exposées à la pollution sont celles qui sont près des routes (un tiers de la population). Évidemment, pour ces personnes à protéger en priorité, la pollution automobile (surtout diesel) a une part importante ;
  2. Ailleurs, la pollution vient des autres régions (agriculture, feux de cheminées) ou d’autres pays ;
  3. MAIS attention. Ceci arrive car les particules fines se comportent en fait comme des gaz. Cela signifie donc que la pollution émise en Île-de-France contamine donc aussi fortement les autres régions et pays.

C’est une évidence, mais la seule façon de traiter ce problème – qui doit l’être au niveau Européen, et c’est bien le cas – est donc de diminuer PARTOUT la pollution émise LOCALEMENT

La pollution locale à Paris

Depuis quelques semaines le programme européen Copernicus analyse pour quelques villes européennes l’origine locale ou externe (autres région du pays + autres pays) de la pollution aux particules. Vosu pouvez le consulter ici (attention à bien choisir et conserver Paris) :
 

On voit la courbe de pollution totale, et la répartition moyenne journalière entre les sources locales (noir) et externes (bleu)





Petit exemple en mars 2017 (locale : noir ; externe : bleu) :


 


On constate donc assez logiquement qu’il existe un fond de pollution essentiellement locale, et qu’en fonction des vents et sources de pollution, s’ajoute un complétement d’origine externe (sauf cas météorologiques particuliers concentrant la pollution comme le 30 novembre 2016).

Origine étrangère de la pollution à Paris

Le programme Copernicus s’essaie aussi, uniquement lors de pics de pollution, à des analyses des sources internationales de la pollution. Les résultats sont consultables ici (choisissez bien Paris). Ce sont encore des résultats préliminaires, à prendre avec prudence ; ils donnent cependant un ordre de grandeur.

(en gris : autres)

Sources de la pollution à Paris en janvier 2017 : origine française en vert, allemande en jaune pale et autres

ATTENTION, cela varie tous les jours, et n’est pas représentatif de ce qui se passe hors pics de pollution…
Voici les données pour le pic de pollution de décembre 2016 :


On voit bien que la pollution de décembre à Paris était surtout française, et, grâce aux graphes précédents, qu’elle venait des autres régions françaises – surtout à cause du chauffage au bois dans le centre et le sud de la France.

Un exemple en novembre 2016 – avec un vent de nord important la pollution anglaise :

Origine étrangère de la pollution à l’étranger

Il est intéressant de réaliser le même exercice sur d’autres capitales. Ici à Berlin en novembre :

Pic de pollution à Berlin d’origine polonaise

Mix international en décembre à Berlin

Pollution essentiellement allemande en janvier à Berlin

On peut regarder aussi à Bruxelles :

Mix international en novembre et janvier à Bruxelles

La pollution de notre pic de début décembre s’est dispersé sur la Belgique

À Londres :

Une importante pollution à Londres issue de la France en janvier

La pollution de notre pic de début décembre s’est dispersé aussi sur l’Angleterre

À Varsovie :

En conclusion

Cet exercice n’est pas inintéressant, mais il doit être pris avec recul. Évidemment la pollution ne s’arrête pas aux frontières.
Après, ceci ne doit pas servir d’excuses pour ne pas agir – car, PARTOUT en Europe, la pollution est souvent d’origine étrangère en fonction des vents.
Bien sûr, elle vient parfois d’Allemagne par vent d’est, mais l’Allemagne n’est pas un gros pollueur. Il est vrai qu’une petite partie de la pollution allemande est causée par ses centrales au charbon, mais elle est faible (quelques pourcents des émissions) :

Le Mondesuite à une étude du WWF en juillet 2016, rappelait toutefois que le charbon, c’est quand même 23 000 morts par an en Europe  :

et 1 500 morts par an en France – ce n’est pas un fantasme :

MAIS on constate bien que cela reste une petite minorité des morts liés à la pollution.
Il faut aussi savoir que, contrairement à une légende, l’Allemagne remplace l’électricité produite par ses centrales nucléaires avec des énergies renouvelable, et pas avec du charbon… (Source)

Production d’électricité en Allemagne – renouvelable : vert ; nucléaire : gris ; charbon : noir ; lignite : marron

Production par le charbon :

Enfin, il faut bien comprendre que, un jour l’Allemagne nous pollue, mais que le lendemain la France pollue l’Allemagne… D’ailleurs, sur ce point, certains spécialistes estiment que la pollution “franco-allemande” se compense en moyenne sur l’année.
Ainsi, notre responsabilité est, comme tous les Européens, de diminuer NOTRE pollution, c’est tout. La Commission européenne s’assure d’ailleurs qu’il n’y a pas de “passagers clandestins” de la lutte contre la pollution, et que tout le monde fasse des efforts.
Nous sommes enfin assez mal placés pour critiquer, vu que nous sommes, parmi les pays européens développés, celui qui pollue le plus en particules fines par habitant (comme on l’a vu ici) :

Les choses s’améliorent en France :

Mais il convient de ne pas relâcher les efforts : il y a encore environ 50 000 morts par an causés par cette pollution, comme le rappellent ces très bons articles du Monde du 21/06/2016 (et ici) :


 

Source